Quels sont les signes ostentatoires religieux ?

signes ostentatoires religieux

La laïcité en France est fondée sur la séparation des Églises et de l’État depuis la loi du 9 décembre 1905. L’État devient de ce fait neutre à l’égard des différentes religions pratiquées sur son territoire. Cette mesure ne vise aucunement à empêcher les fidèles de croire. Elle repose uniquement sur des libertés fondamentales que sont celle de conscience et celle de culte de chaque citoyen. L’article premier de la loi de 1905 le précise si bien : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public ». Alors quels sont les signes ostentatoires religieux ?

Les signes ostentatoires religieux selon certaines religions

Le mot ostentatoire est utilisé pour désigner une ou plusieurs choses visibles ayant pour but d’attirer l’attention. Ainsi lorsqu’on parle de signe ostentatoire religieux, on fait référence à tous les objets religieux très visibles qui montrent notre appartenance à une certaine religion.

La question de ses « signes ostentatoires religieux » est anthropologiquement large. Elle peut se comprendre de manière très diverse en fonction des religions elles-mêmes. Selon que ces dernières soient monothéistes ou polythéistes et selon les époques, ces signes peuvent varier. Il est important de noter que l’appréciation du caractère ostentatoire d’un signe religieux reste délicate, car cela révèle du subjectif.

Le christianisme

Comme signalé par Michel Seelig (2018), à partir de la loi de Séparation, l’évolution de la tenue des ecclésiastiques et des religieuses catholiques n’a été affectée par aucune décision politique ou mouvement d’opinion. Elle a simplement suivi les évolutions générales de l’Église catholique et de la société. Les soutanes et les cornettes ont ainsi pratiquement disparu de l’espace public en particulier suite au concile Vatican II (1962-1965).

Il est alors considéré comme signe ostentatoire religieux pour les chrétiens :

  • une croix de taille excessive portée de manière indiscrète ;
  • un pendentif trop visible et de taille excessive portée de manière indiscrète.

Le judaïsme

Le port de signes distinctifs juifs plus ou moins inaperçu est accepté en fonction du niveau d’antisémitisme dans la société. Les signes qui paraissent à un moment donné « exotiques » dans l’espace public comme les robes safran des bonzes suscitent tout au plus la curiosité. Le signe ostentatoire interdit par la loi pour les juifs reste la kippa, calotte portée par les pratiquants.

L’islam

En revanche, l’histoire est autre en ce qui concerne l’islam. À la différence des autres, la religion musulmane a cristallisé la question des signes religieux sur les vêtements féminins dans l’espace public. Ainsi pour ces pratiquants, il est interdit :

  • le voile islamique hidjab
  • le voile intégral qui masque tout le visage et les autres parties du corps (burqa, sitar ou niqab)

Les sikhs

Pour les sikhs c’est le dastar qui est interdit. C’est un turban porté par les hommes de cette confession qui suivent la règle des Cinq K.

L’interprétation d’un signe comme manifestation d’une appartenance religieuse

Ce sur quoi tout le monde s’accorde est que le port d’un signe religieux vise à montrer une appartenance religieuse selon des critères qui sont soit objectifs, et en général plutôt stabilisés, soit subjectifs et fondamentalement instables. On parlera ici de critères objectifs à propos d’objets qui sont compris d’emblée comme exprimant une adhésion religieuse.

Ils sont vus comme symboles à part entière d’une religion, en dehors de toute intention individuelle. C’est par exemple le cas de tout monument ou objet destiné à faire référence à une conviction religieuse, comme l’étoile de David sur un mur ou un monument, le minaret, une statue avec la représentation de la Vierge Marie, etc.).

À l’opposé, l’exemple du foulard, dit islamique, constitue le cas le plus actuel de ce que l’on peut appeler « un signe religieux dans une intention subjective ». En soi, un foulard est un objet ordinaire et courant, sans aucune signification cultuelle (contrairement par exemple à une croix chrétienne ou une kippa). Le fait de le porter, sur la tête, d’une certaine manière  relève d’un comportement qui peut viser, pour une femme, à manifester son adhésion à des préceptes musulmans. Ce comportement serait facilement interprétable comme tel par des tiers.

C’est quoi le principe de neutralité de la loi 1905 ?

L’objectif de la loi de 1905 est que les champs d’intervention des Églises et de l’État soient clairement séparés et distincts. Ainsi le fait religieux n’a plus d’une part, vocation à interférer dans les décisions sur l’organisation sociale et politique du pays. D’autre part, la religion et la croyance religieuse, qui relèvent du domaine privé, peuvent s’exercer librement aux niveaux individuel et collectif, sans que cela ne regarde l’État (La Morena, 2019).

L’État n’intervient plus dans l’exercice des cultes, il a juste la possibilité d’encadrer cela d’un point de vue administratif. Les cultes sont alors gérés par des associations cultuelles, dont le statut est défini par la loi. La loi française de 1905 établie ainsi à la fois, la neutralité de l’État en matière de religion et la neutralité de la religion envers l’État, en supprimant toute confusion possible entre les deux.

L’égalité des droits

La loi de Séparation a pour but d’établir l’égalité des droits, pour tous et toutes, sans considération de la croyance religieuse. Ceci permet à toutes les croyances de pouvoir coexister en paix. C’est d’ailleurs l’un des devoirs de l’État, qui se porte garant auprès des citoyens en mettant au même niveau les droits des incroyants et ceux des croyants. Ainsi, à partir de 1905, la croyance religieuse, sa manifestation et son exercice ne relevaient plus que de la seule liberté individuelle.

La loi dite « de séparation » et ses effets

En France, il a été traité dans l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 la question du religieux dans l’espace public. Ainsi : « Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions ».

Ceci a progressivement conduit à la jurisprudence qui dit que : tout ce qui existait au moment du vote de la loi est licite, toute nouveauté est interdite. De ce fait, il est clair que les sociétés sont soumises aux influences historiques des lois.

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Rédacteur depuis quelques années, je réponds sur Encyclopedie-Quantum à toutes vos questions sur la bible, l'évangile et la religion au sens large du terme.